Les compulsions alimentaires : comprendre sous l'oeil de la micronutrition
Envie de manger, subite et incontrôlable que l’on souhaite satisfaire immédiatement sans faim réelle. Telle est la définition d’une compulsion alimentaire. La quantité des aliments ingurgités peut alors être assez importante (voire très importante), elle se fait toujours dans un laps de temps assez court. C’est un trouble obsessionnel centré sur la nourriture.
Il ne faut pas confondre avec le grignotage qui est une prise plus ou moins régulière d’aliments, en petite quantité, en dehors des repas (c’est-à-dire en dehors du Petit-déjeuner, Déjeuner, Goûter, Diner).
Dans les deux cas, ce sont des troubles du comportement alimentaire ( TCA ) tout comme le sont l’anorexie et que la boulimie
Physiologie des troubles du comportement alimentaire ou comment ça marche ?
Une fragilité génétique
Il existe une fragilité génétique du système des neurotransmetteurs (Kaye et Al. En 2005, mis en évidence grâce à des IRM) prédisposant aux TCA
Les neurotransmetteurs sont les hormones du cerveau dont la dopamine et la sérotonine font partie.
Le rôle de la sérotonine
Génétique ou non, la baisse de la sérotonine dans le cerveau favorise les grignotages et les compulsions, en particulier en fin de journée, généralement, tournés vers le sucré. La sérotonine est l’hormone de la gestion du stress, de la sérénité, de l’endormissement, c’est aussi le neurotransmetteur de la satiété.
C’est une hormone protéique, dont la fabrication est facilitée par l’ingestion de sucre (glucose, plus que fructose), elle est synthétisée selon un rythme circadien, avec un pic de sécrétion en fin de journée. Quand elle est trop basse, les envies de sucre arrivent pour en faciliter la production et remonter son niveau, ce qui permet de terminer sa journée dans la sérénité et de faciliter l’endormissement.Concrètement, plus de contraintes nécessitent plus de sérotonine. Si on mange sucré, on favorise l’augmentation de la sérotonine, donc on est mieux ! Manger sucré est donc une sorte de protection du cerveau contre la dépression !!!
BON A SAVOIR: c’est aussi une hormone intestinale et tout trouble du transit (diarrhée, constipation chronique, ballonnements importants, douleurs abdominales) peut perturber le cerveau !
Le foie utilise aussi les éléments nutritionnels utiles à la fabrication de la sérotonine pour se détoxiquer (nettoyer, stimuler notamment lors de prises médicamenteuses chroniques), et donc les digestions lentes, la lourdeur ou la somnolence en fin de repas, la tendance à l’écœurement ou la nausée lors de repas un peu plus gras ou alcoolisés sont des signes d’une perturbation de la fonction hépatique qui peuvent aussi retentir sur le cerveau à long terme ( baisse de la sérotonine et augmentation de la vulnérabilité au stress ).
La sérotonine est aussi présente dans les plaquettes pour la mise en jeu de la coagulation sanguine et dans certaines cellules immunitaires, comme les mastocytes lors de mécanismes d’inflammation.
Le rôle de la dopamine
La baisse de la dopamine dans le cerveau diminue la motivation et perturbe aussi la régulation de la satiété.
C’est aussi une hormone protéique, mais qui est fabriquée surtout le matin. Elle entre en jeu dans les processus de motivation, concentration, apprentissage, adaptation et mémorisation, autant de fonctions nécessaires pour changer de comportement !
L’importance des cofacteurs et des apports lipidiques de qualité
Ces 2 neurotransmetteurs sont fabriqués en présence de fer, de magnésium et de vitamine B.
Tout déficit dans l’un de ces éléments freine leur synthèse.
Il y a des situations plus à risque :
- Les jeunes femmes sont souvent carencées en fer, et encore plus les jeunes mamans…
- Les régimes à répétition sont responsables de carences multiples
- Une alimentation monotone, peu variée
- Les petits mangeurs
- Les sportifs
- Les personnes soumises au stress
- Les adolescents
70% du cerveau est constitué par des graisses, avec une majorité d’oméga 3 de type DHA, et donc des apports insuffisants ne favorisent pas son bon fonctionnement…
Y a-t-il des facteurs favorisant les troubles du comportement alimentaire ?
Citons l’un des facteurs les plus répandu : les régimes alimentaires stricts, eux mêmes favorisés par l’idéal de minceur des sociétés occidentales, promu aussi par les média… Pourquoi ? La restriction alimentaire, les régimes trop stricts, avec beaucoup d’interdits entraînent beaucoup de contraintes et de frustration qui épuisent le système de la sérotonine.
Tous les événements personnels ou professionnels vécus comme un stress provoquent une augmentation des contraintes, donc un besoin accru en neurotransmetteurs.
Un point essentiel est à retenir : le stress naît « du regard » et des pensées que l’on porte à la situation. Ce n’est pas la situation elle-même qui est stressante. Le stress ressenti est un signal d’alerte de notre cerveau pour nous dire que notre regard, nos pensées ne sont pas cohérentes avec nous. C’est pour cela que nous ne sommes pas tous stressés par les mêmes situations.
Quelles sont les conséquences des pulsions alimentaires ?
Prise de poids
La prise de poids s’accompagne d’un risque de diabète, d’augmentation des triglycérides et/ou du cholestérol, donc d’un risque de développer des maladies cardiovasculaires (infarctus, accident vasculaire cérébral)
Le grignotage entraîne une élévation quasi permanente de l’insuline, hormone de régulation de la glycémie (taux de sucre sanguin), mais qui est aussi une hormone de stockage : elle transforme les sucres en graisse dans les cellules graisseuses, musculaires ou du foie.
Le pancréas, organe qui la sécrète, n’est jamais au repos et finit par s’épuiser pour entraîner un diabète.
Augmentation des fringales et des coups de fatigue au fur et à mesure de la journée
La prise d’aliments sucrés augmente la glycémie rapidement (notion de sucre rapide), par conséquent elle descend aussi rapidement… A contrario, si la glycémie monte lentement, elle descend lentement. Si la chute de la glycémie est rapide, elle peut être ressentie sous la forme d’un coup de fatigue ou d’une fringale. Et par ailleurs, si la glycémie monte très vite, la chute est non seulement rapide mais aussi aller très bas et créer une hypoglycémie. Ce malaise ne dure pas, même si l’on ne mange pas (vrai uniquement pour les personnes non diabétiques), car l’organisme va répondre à cette chute de la glycémie par la production d’une autre hormone, le glucagon, qui va faire remonter la glycémie, notamment en produisant du glucose, à partir des acides gras, donc des graisses de réserve. Le malaise disparait.
A retenir : la faim est provoquée entre autres, par la chute de glycémie.
Des conséquences psychiques à long terme
Augmentation de la culpabilité, baisse de l’estime de soi, perte de la motivation et du libre arbitre. La perte de notre liberté d’agir pour atteindre nos objectifs est surtout très importante dans les compulsions. Par exemple, la personne n’arrive pas à être suffisamment motivée et/ou à prendre suffisamment de recul devant la compulsion pour arrêter de manger ou décider de faire de l’activité physique ou de changer de comportement… Elle est prisonnière de sa compulsion.
Un bilan biologique perturbé
Il est toujours nécessaire de contrôler au moins la réserve en fer et la thyroïde (une hypothyroïdie peut entrainer un syndrome dépressif)
Ensuite, il existe des bilans plus poussés, variables selon l’origine du problème. Par exemple, il peut être nécessaire de faire un bilan digestif à la recherche d’une inflammation intestinale ou encore un profil d’acides gras érythrocytaire pour évaluer le statut en oméga 3, ou un dosage des vitamines B ou plus rarement un dosage urinaire des métabolites des neurotransmetteurs.
L’une des solutions: la prise en charge en micronutrition
Elle comporte des axes différents en fonction de l’origine du problème, aussi bien simplement un apport de magnésium ou de fer qu’une prise en charge des problèmes intestinaux ou hépatiques !
Sans oublier les conseils nutritionnels…